lundi 24 décembre 2012

"Des saisons au bord de la mer", doux souvenirs...


Maspero... le nom ne m'était pas inconnu.
Et pour cause... François Maspero est le petit-fils de l'égyptologue Gaston Maspero, que j'ai rencontré dans des livres il y a quelques années, quand je m'intéressais aux pharaons.

Vous l'avez compris, c'est donc le nom de l'auteur qui m'a fait sortir ce roman du rayonnage de ma médiathèque.

Un roman, oui, c'est vrai, mais sur le ton de la confession, du souvenir.
Le récit se déroule en deux parties distinctes, et nous présente deux enfances heureuses, en deux lieux différents, celle du père, puis celle de sa fille.
Maspero dit "il" ou "le père" pour le père, puis "elle" ou "sa fille" pour l'enfant. Il ne donne jamais de noms.
On devine cependant qu'il y a une bonne dose d'inspiration autobiographique même si elle n'est pas présentée comme telle. C'est subtile.


A dose d'instantanés, de photos d'une époque d'avant-guerre, l'auteur nous embarque tout d'abord, dans l'enfance d'un garçon, un Parisien qui passe ses vacances dans la maison de famille bourgeoise des grands-parents, dans un port du Nord de la France, avec son frère aîné auquel il voue une grande admiration. Ils aiment jouer dans le jardin et aller au bord des falaises regarder les cotes anglaises de l'autre côté de la mer. Le monde des adultes lui semble lointain et énigmatique.

Quelques années plus tard, la guerre est passée par là, avec son lot de morts. Le garçon est devenu un homme, s'est marié et est papa d'une petite fille. Il est journaliste, et couvre les évènements en Algérie. Pour des raisons de sécurité, tout le monde va se mettre au vert dans la maison de famille dont à hérité sa femme sur l'île bretonne de Belle-Ile-en-mer où elle est née.
Une seconde partie un peu moins intéressante que la première, mais tout autant basée sur la recherche des ambiances d'antan.

C'est très bien écrit. Beaucoup de longues phrases, mais je ne m'y suis jamais perdue. De longues phrases mais aussi de belles phrases, notamment dans la première partie, sur les sensations de l'enfance, sur le rapport aux adultes. C'est mélodieux, nostalgique, contemplatif.
À la p. 35, l'auteur décrit très joliment la perception du monde adulte à travers les yeux d'un enfant :
"D'autres l'ont dit, et mieux que moi : pour les enfants, les grandes personnes sont souvent des Ombres qui passent et s'activent au-dessus d'eux en parlant fort, protectrices mais imprévisibles. Elles s'agitent bruyamment dans un autre monde, un monde parallèle, un monde supérieur, comme les dieux de l'Olympe. Il leur arrive de faire preuve d'une gentillesse condescendante et même bêtifiante, comme si les enfants étaient incapables de rien penser par eux-mêmes. Ou elles peuvent manifester leur mauvaise humeur, voire se fâcher pour des bêtises, en adressant aux enfants des discours incompréhensibles sur la vie en général et leur comportement en particulier. Mais enfin, ces divinités tutélaires, il faut bien faire avec. Il leur arrive aussi de répondre par des plaisanteries stupides à des questions qui semblaient pourtant capitales, ou de s'en tirer lâchement par des "Tu es trop petit pour comprendre" ou "Tu comprendras ça quant tu seras plus grand".

p. 147, François Maspero s'interroge sur le crédit à apporter à ses souvenirs :
"Plus tard encore, beaucoup plus tard, beaucoup plus tard, le père se demandera ce qu'il a su vraiment de l'enfance de sa fille dans l'île. Quelle est la part du fantasme et de la réalité dans ses souvenirs de leur vie quotidienne d'alors ? Il sait trop bien que les adultes ont la manie de réécrire constamment leur enfance, parce qu'ils ont besoin, sans s'en rendre compte, d'un refuge imaginaire pour fuir le présent. De même, ne sont-ils pas portés à se raconter, comme de belles histoires sans taches, celle de leurs propres enfants ? C'est trop facile de broder sur leur innocence heureuse mais que savent-ils vraiment du mal, petit ou grand, qu'ils ont pu leur causer ? N'a-t-il pas été en réalité pour sa fille ce qu'avaient été dans sa propre enfance ces grandes personnes qu'il voyait passer devant lui, au-dessus de lui, comme des Ombres toujours distantes malgré leur intarissable et désolante bonne volonté ?"

Sur le coup, ça a été une lecture très agréable mais après réflexion, je me rends compte que je n'en ai pas retenu grand-chose.
Je fais court, je ne suis pas plus inspirée que cela pour vous en parler. Étrange.
Peut-être n'y a-t-il tout simplement pas lieu d'épiloguer. Juste apprécier les mots et les ambiances qu'ils dégagent. Et passer à autre chose...

Très bon Noël à tous !
Avec plein de livres au pied du sapin !


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